Jamais écrite jusqu'ici, voici la grande saga africaine. Pour qu'elle fût vraie – dans la sensibilité et l'esprit comme dans les faits –, il importait que son auteur fût d'origine africaine et connût tout de l'Afrique noire par science et par connaissance intime. Tel est le cas de Maryse Condé: elle est guadeloupéenne, elle a longtemps vécu dans l'Afrique du Sahel, elle est professeur de littérature négro-africaine à l'université Paris IV et elle est écrivain et même romancière. "Ségou" est né, spontanément, de ce savoir profond et de ces dons.Ségou, c'était, à la fin du XVIIIe siècle, entre Bamako et Tombouctou – dans l'actuel Mali – un royaume florissant qui tirait sa puissance de la guerre. À Ségou, on est animiste; or, dans le même temps, une religion conquérante se répand dans les pays du Niger: l'Islam, qui séduit les esprits et se les attache.De ce choc historique naîtront les malheurs de Ségou et les déchirements de la famille de Dousika Traoré, noble bambara proche du pouvoir royal. Ses quatre fils auront des destins opposés et souvent terribles, en ce temps où se développent, d'un côté, la guerre sainte et, de l'autre, la traite des Noirs.Ainsi, acteurs et victimes de l'histoire, il y a les hommes.Mais, plus profondément, il y a les femmes, libres ou esclaves, toujours fières et passionnées, qui, mieux que leurs époux et maîtres, connaissent les chemins de la vie."Ségou" est un roman si riche et si divers qu'on ne le peut résumer. Il est à la mesure – à la démesure – de ces terres du Sahel qui s'étendent sous un ciel immense. Un grand souffle le parcourt et l'anime: c'est l'âme même de l'Afrique.